jeudi 29 janvier 2009

Lettre du CHSCT de TMI en soutient à Yann



Monsieur,

Le mandat du CHSCT est de veiller à la bonne santé physique et mentale des salariés intervenant dans le cadre de l'entreprise. A ce titre, le CHSCT est régulièrement sollicités pour alerter, enquêter et chercher des solutions à des problèmes divers rencontrés par les travailleurs de l'entreprise.

La semaine dernière, nous avons été surpris d'apprendre le licenciement de Yann. Ce nom ne nous est absolument pas inconnu car son cas a été plusieurs fois évoqué lors des réunions de CHSCT depuis fin 2007.
Mais comme ni vous même, ni Laurence LADUREE-CANTET, ni Laurent YVELIN n'étaient présents à l'époque des faits, comme Philippe PLAZENET n'était pas encore président du CHSCT, comme le Dr DUMAINE de la médecine du travail ne s'occupe plus de cette entreprise et comme Philippe THIRIET a depuis quitté l'entreprise, il nous parait indispensable de vous rappeler les faits.

Yann a été recruté en CDD en 2005 pour le poste de vernisseur. A l'époque, le local vernis était mal ventilé et ne garantissait pas au vernisseur une exposition réduite aux vernis et peintures utilisés dans le local. Pendant plusieurs mois, les Ressources Humaines ont cherché dans l'effectif de l'entreprise un salarié en CDI acceptant ce poste, sans résultat. C'est donc le contrat de Yann qui a été transformé en CDI.

Fin 2007, Yann a été victime de crises allergiques. Ces crises, très visibles (gonflements au niveau du visage et irritation des yeux) ont été de plus en plus fréquentes et c'est seulement lorsque j'ai amené Erwan GUILLON, alors président du CHSCT, dans ce local alors que Yann subissait un crise sévère qu'il a été décidé d'écarter définitivement Yann de ce poste de travail et plus globalement du contact des produits chimiques.
Malgré plusieurs test épicutanés auprès d'allergologue, l'allergène mis en cause n'a jamais été identifié. Des tests plus poussés se déroulant sur plusieurs semaines sont nécessaires pour trouver le produit, ou la combinaison de produit, auquel Yann est devenu hypersensible. Yann n'a jamais subi ces tests poussés, notamment pour des raisons de tenu des objectifs de production et a été muté à la Préparation des produits Dassault.

Pour limiter le contact des opérateurs de vernissage avec les produits qu'ils utilisent, un nouveau local a été construit. Ce nouveau local a été réceptionné par le contrôleur de la CRAM et déclaré conforme aux recommandations de l'INRS. Mais par précaution, Yann n'a pas été réintégré sur ce poste. Le risque allergique n'est pas à prendre à la légère et comme le produit mis en cause n'a toujours pas été découvert, il a été convenu avec l'ancienne direction de ne plus exposer Yann aux produits chimiques.

Suite à cet épisode, nous avons constaté une carence de la part de TMI.
Suite à son inaptitude, Yann aurait dû bénéficier d'action de formation pour lui assurer un avenir et une évolution de carrière dans l'entreprise. Il nous parait normal qu'un salarié ayant souffert des conditions de travail qui lui étaient imposés soit suivi et accompagné pour retrouver une place au sein de l'entreprise.

Nous avons donc été surpris d'apprendre qu'il avait été désigné pour succéder à Damien comme conducteur de vague de brasage. En effet, la conduite d'un vague de brasage implique l'accès régulier au local lavage pour le nettoyage des cartes, local lavage qui concentre les produits chimiques utilisés dans les ateliers. Yann a donc eu le bon réflexe en demandant un avis médical au médecin du travail et en limitant son accès aux produits chimiques tant que le médecin du travail ne s'était pas prononcé.

Pour résumer, nous pensons que la direction a vu un problème de discipline là où elle aurait du voir la conséquence d'un problème de santé au travail. Nous vous invitons donc à revoir votre jugement et nous tenons à votre disposition pour toute questions complémentaires.

Cordialement.

Pour le CHSCT, le secrétaire : Anthony.

lundi 26 janvier 2009

Yann a été licencié !!!






Mais si vous voyez de qui il s'agit ! Yann travaille actuellement à la PREP du B2. En 2007, il travaillait comme vernisseur dans l'ancien local vernis. Le fameux poste dont personne ne voulait !

Qui ne l'a pas vu fin 2007 lorsque les produits qu'il manipulait lui déformaient le visage, lui exorbitant les yeux ? J'étais là lors de son dernier jour de travail comme vernisseur. Un collègue m'avait appelé « Va voir Yann au vernis, tu verrais la tête qu'il a ! » J'avais amené Erwan Guillon, le DRH de l’époque, pour qu'il constate par lui même dans quel état physique Yann avait accepté de travailler.

Sans aucun égard envers sa santé, ses responsables lui avait demandé de travailler tout de même parce qu’il y avait des cartes urgentes à finir. En voyant Yann sortir de la cabine de peinture, Erwan Guillon a pris la décision qui s’imposait…Yann ne devait plus jamais mettre les pieds dans le local vernis...

Alors Yann s'est retrouvé à la préparation pour les produits Dassault. Son allergologue a utilisé toutes les batteries de test d'allergie classiques, sans résultats probants. Le produit à l'origine de l'allergie n'a pas été trouvé. Seule possibilité : plusieurs semaines de test dans le service des pathologies professionnels du professeur GERAUT à l'Hôtel Dieu de Nantes... mais ce sont des examens coûteux et de toute façon on avait besoin de Yann à la préparation des produits Dassault…

Et puis Yann s'est habitué à son nouveau poste. Un nouveau local vernis a été créé, de nouveaux vernisseurs ont été recrutés et formés.

Et puis voilà que Damien qui travaille sur la vague de brasage au B2 arrive en décembre 2008 au bout de son contrat CDD. Il faut quelqu'un pour le remplacer et personne parmi les CDI ne veut travailler sur cette vague de brasage. Quelqu'un a donc eu une idée saugrenue 2 jours avant le départ de Damien : et si on mettait Yann sur la vague, puisque personne ne veut y aller ?

Yann est donc convoqué le 3 décembre et demande un délai de réflexion. Il est re-convoqué le 4 décembre refuse le poste, donne des arguments mais fatigué de ne pas être entendu, il se voit contraint de dire oui… Vous voyez à quoi peut ressembler ce genre d’entretien. Une heure pleine de promesses et de sous-entendues sur son avenir.

Ont-ils tenu compte de ses antécédents médicaux ? Bien sûr que non ! C'est Yann qui a dû solliciter lui même une visite chez le médecin du travail pour obtenir un avis médical. Une demande légitime vu le passé et les nombreux produits chimiques qu’il faut mettre en œuvre lorsqu'on travaille sur la vague. C'est donc dans l'attente de cet avis qu'il ne s'est pas présenté à ce poste de pilote de vague pendant les 2 jours où était prévu sa formation.

La direction lui a envoyé une lettre lui signifiant son refus de travailler à la vague, puis ce fut les fêtes de fin d'année jusqu'au lundi 19 janvier dernier où il a reçu sa lettre de licenciement. Oui, vous avez bien lu, n'ayant pas reçu de lettre de convocation à un entretien préalable, l'entretien a eu lieu sans lui dans un bureau des RH pendant qu'il bossait à son poste à la PREP. Pendant qu’il travaillait, d’autres s’occupaient de son avenir : jugé et licencié par contumace…

Au cours de ces trois ans et demi, Yann a accepté des conditions de travail que beaucoup refusaient, formé quantité de remplaçants potentiels, aligné les heures supplémentaires comme en novembre et décembre 2008 pour finalement se faire jeter parce qu’une grande entreprise comme Thales Microelectronics n’est pas foutu de trouver un volontaire pour occuper le poste de pilote de vague.

Le message de la direction est clair : dans les prochains mois, certains d’entre nous changerons de poste ou d’horaire de travail. Notre ancienneté, nos efforts passés, nos compétences ne vaudront rien. La direction se donne tous les droits. Pas de discussion possible, pas de problème de santé qui tienne : il faudra obéir ou accepter d’être au chômage avec 57.5% de notre dernier salaire.

Le 29 janvier 2009, je serai en grève. S’il y en a qui veulent m’accompagner, je serai aussi gréviste avant et/ou après pour :

  • le réintégration de Yann,
  • Une NAO de 2009 qui tienne compte des efforts des salariés en 2008,
  • Et plus globalement le maintien de notre niveau de vie, car nous n’avons pas à payer les conneries d’une pseudo élite capitaliste.

29 janvier, les raisons d’une grève
La crise actuelle du capitalisme touche durement une grande partie des salariés dans leurs emplois et leurs revenus. Alors qu’ils n’en portent pas la responsabilité, les salariés, les demandeurs d’emploi et les retraités en sont les premières victimes. De plus, cette crise menace l’avenir des jeunes ; elle met en péril le système de solidarité et de protection sociales ; elle accroît les inégalités et la précarité.

Les raisons de reconduire le mouvement les jours suivants

Gouvernement et patronat ne lâcheront rien sans un mouvement fort, interprofessionnel et prolongé. C’est ainsi que les grandes conquêtes sociales (congés payés, Smic, retraites, etc.) ont toujours été obtenues. En reconduisant la grève dès le 30 janvier et en bloquant ainsi l’économie, les travailleurs ont les moyens d’instaurer un rapport de force décisif. Mais attention, la grève générale reconductible ne se décrète pas en appuyant sur un bouton ! Il s’agit d’organiser des assemblées générales sur nos lieux de travail (ou par secteur) et de mettre la grève du 29 janvier et sa possible reconduction à l’ordre du jour de ces AG. Et là, il y va de la responsabilité de chacune et chacun d’être de véritables « militants de la grève » ! D’autant plus que certaines organisations syndicales ne se lanceront dans la bagarre que si leurs dirigeants se sentent fermement poussés par la « base »...